La semaine dernière, le cours de l’or a reculé de près de 3 %.
L’or baisse, une baisse modérée, mais visible — et, comme toujours, rapidement commentée.
Certains y voient un signe de faiblesse. D’autres, le début d’une correction estivale.
Mais pendant que les graphiques font des vagues en surface, une tout autre dynamique se joue en profondeur : les banques centrales, elles, continuent d’acheter.
Un décalage silencieux, mais structurant.
Et peut-être l’un des plus parlants de ce premier semestre 2025.
Le marché vend… mais pas tout le monde
Les raisons du repli sont connues :
- Renforcement temporaire du dollar, alimenté par des données économiques américaines meilleures qu’attendu
- Rebond des taux réels US, qui rend l’or moins compétitif à très court terme
- Prises de bénéfices légitimes après une envolée de près de 30 % depuis janvier
- Et un optimisme géopolitique modéré autour des relations commerciales internationales… vite démenti
Mais pendant que les ETF décollectent et que certains traders arbitrent, les acteurs institutionnels les plus patients — les banques centrales — renforcent leurs positions.
L’or baisse, mais les banques centrales intensifient leurs achats
Selon le dernier rapport de l’OMFIF (Official Monetary and Financial Institutions Forum), un tiers des banques centrales prévoient d’augmenter leurs réserves d’or dans les 12 à 24 mois.
La semaine précédente, le World Gold Council révélait que 43 % des gestionnaires de réserves officielles ont l’intention d’acheter de l’or en 2025 — contre 29 % l’an dernier. Une progression nette, dans un contexte de dédollarisation partielle des réserves.
Et surtout, les deux études concordent sur un point :
L’or est aujourd’hui l’actif monétaire le plus recherché par les banques centrales.
Et le dollar est le seul actif dont elles cherchent à réduire l’exposition.
Un monde instable ne fabrique pas de certitudes… mais des réflexes
L’instabilité commerciale, la fiscalité numérique, les tensions stratégiques et le retour de politiques monétaires imprévisibles (cf. les récentes sorties de Donald Trump sur le Canada) rappellent à toutes les puissances qu’aucun cadre d’échange n’est garanti.
Dans ce contexte, l’or n’est pas une stratégie offensive, mais défensive.
Il ne vise pas le rendement, mais l’indépendance en réserve.
Et c’est exactement ce que recherchent les États aujourd’hui : la marge de manœuvre en dehors du système dollar.
L’or baisse, mais ce que cela révèle est plus profond
L’or baisse. Les banques centrales achètent.
Ce n’est pas une contradiction. C’est un signal d’écart entre ceux qui subissent le marché, et ceux qui utilisent le marché.
Car en réalité, ce n’est pas l’or qui vacille :
ce sont les opérateurs qui naviguent dans une zone de doute, là où les institutions, elles, s’ancrent.
Comprendre cet écart, c’est comprendre que la baisse actuelle est moins une menace qu’une fenêtre.
Une fenêtre silencieuse, que certains laissent passer — pendant que d’autres achètent, à l’abri du bruit.