Depuis plusieurs semaines, le cours de l’or semble hésiter. L’once se maintient au-dessus des 3 300 dollars, sans réelle impulsion haussière. À première vue, cela peut sembler décevant. Mais cette apparente stagnation masque une réalité plus profonde. Car si l’or reste aussi élevé malgré des taux longs à 5 %, ce n’est pas un hasard. Ce comportement atypique envoie un message clair : la confiance envers la Fed s’effrite.
Quand la politique franchit la porte de la banque centrale
Les tensions entre la Maison-Blanche et la Réserve fédérale ne sont pas nouvelles. Mais la pression politique s’est récemment intensifiée.
Donald Trump a déclaré publiquement que les taux d’intérêt devraient être abaissés de 3 points et a renouvelé ses attaques personnelles contre Jerome Powell, président de la Fed. Certains parlent déjà d’un climat de “chantage monétaire”.
Ce type d’ingérence directe n’est pas anodin.
La Fed n’est pas un simple instrument technique : elle incarne la crédibilité du système monétaire américain. Et c’est justement cette crédibilité qui commence à vaciller.
La crédibilité de la Fed : un actif irremplaçable
Un économiste de la Banque des règlements internationaux (BRI) résume ainsi la situation :
“La crédibilité, c’est le seul actif que la banque centrale ne peut pas acheter. Elle ne peut que le perdre.”
L’exemple de la Turquie illustre parfaitement ce risque :
- De 2018 à 2023, Recep Tayyip Erdogan a forcé sa banque centrale à maintenir des taux artificiellement bas malgré une inflation explosive.
- Résultat : inflation à 85 %, effondrement de la monnaie, fuite massive des capitaux.
- Aujourd’hui encore, la Turquie peine à regagner la confiance des marchés.
Ce scénario n’est plus théorique. La question n’est plus “Cela pourrait-il arriver aux États-Unis ?” mais bien “Dans quelle mesure cela a-t-il déjà commencé ?”
L’or, actif refuge quand la Fed déçoit
En théorie, des taux longs à 5 % devraient fortement pénaliser l’or, qui ne verse ni dividende ni intérêt. Pourtant, le métal jaune résiste, imperturbable.
Pourquoi ? Parce que l’or ne repose sur aucune promesse politique ou monétaire. Il n’a pas besoin d’être cru pour avoir de la valeur.
C’est ce qui en fait l’actif de confiance ultime, en particulier lorsque la crédibilité de la Fed est en jeu.
Les banques centrales achètent en silence, les analystes relèvent leurs prévisions
Tandis que les marchés peinent à trouver une direction claire, les institutions s’organisent.
La London Bullion Market Association (LBMA) a récemment relevé de 15 % ses prévisions de prix pour l’or en 2025, discrètement mais sûrement.
Parallèlement, les banques centrales achètent de l’or à un rythme soutenu. Non pas pour spéculer, mais pour se protéger :
- de la volatilité du dollar,
- de l’instabilité politique américaine,
- et surtout de la perte de crédibilité potentielle de la Fed.
La Fed fragilisée : le marché cherche un nouveau repère
Le véritable enjeu n’est plus où investir, mais à qui faire confiance.
Quand la Fed perd son autorité, quand le dollar devient politisé, et que même les bons du Trésor deviennent vulnérables, l’or redevient l’étalon de la confiance.
Et si la crédibilité est la vraie monnaie d’une banque centrale, alors le marché envoie un message clair à la Fed : cette monnaie est en train de se déprécier.
L’or comme baromètre de la confiance dans la Fed
Dans un contexte où la Fed est de plus en plus influencée par le politique, où ses décisions suscitent des doutes croissants, l’or joue un rôle de révélateur silencieux mais puissant.
La question à se poser aujourd’hui n’est plus “quel est le prochain mouvement de la Fed ?”
Mais bien : “Le marché croit-il encore à la parole de la Fed ?”
Et la réponse, elle, se trouve dans l’or.